Bertille ou la cerise sur le gâteau

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Le lustre au plafond, l’argenterie sur la table et les dorures l’attestent : nous sommes dans le plus grand restaurant de Paris. Et c’est Bertille qui y débarque avec le plus grand sourire et la plus grande naïveté, accueillie par Monsieur Pierre, l’énigmatique maître d’hôtel à qui elle s’adresse et qu’on ne voit jamais. Ainsi elle va, des mignardises jusqu’aux desserts, vanter les mets du menu gastronomique, déclinant au fur et à mesure des robes assorties (superbe travail de Jef Castaing), toutes plus magnifiques les unes que les autres et qu’elle ôtera comme on ouvre des cadeaux, déclamant avec gouaille, malice et sensualité son amour des plats et des mots.
Il s’agit d’un bel ouvrage qu’a réalisé ici Frantz Herman, emmené par l’abattage et le tempérament d’une comédienne de talent qui, même si on peut lui reprocher un petit côté excessif, n’est pas en reste en ce qui concerne la restitution des textes (de 18 auteurs de Cocteau à Oscar Wilde), exercice pour lequel elle excelle, nous donnant vraiment l’eau à la bouche et nous permettant de savourer des phrases aussi exquises que les plats auxquelles elles se rapportent.
Du coup, les intermèdes entre deux auteurs se révèlent bien faibles en comparaison. Mais ne boudons pas notre plaisir car "Bertille ou la cerise sur la gâteau" (le secret de la fameuse cerise sera dévoilé à l’issue du repas) est un spectacle original à souhait, aussi gouleyant que roboratif, où Céline Larrigaldie déploie une belle énergie et une gourmandise communicative.
Nicolas Arnstam